Active dans le milieu culturel et artistique depuis vingt ans, Ariane Plante est autrice, artiste et commissaire en arts visuels et médiatiques. Elle a dirigé d’importants projets d’expositions pour le Mois Multi, le Grand Théâtre de Québec et de nombreux organismes et institutions. Son travail a été présenté au Québec, au Canada, en France et sur des plateformes numériques. Ses réflexions portent sur notre coexistence avec la nature, le territoire et l’environnement, et explorent l’entrelacement du réel et de l’imaginaire.
Lire le mot de la commissaireIci, où nous vivons
Notre époque est pour le moins déstabilisante, souvent bouleversante. Les profondes transformations qui marquent les sphères sociales, économiques, politiques et écologiques nous forcent à remettre en question nos modes de vie, nos relations aux autres, à l’environnement…Notre manière d’habiter le monde est mise en déroute et nous avons plus que jamais besoin de la repenser.
Ce n’est sans doute pas un hasard si, ces dernières années, le milieu de l’art a vu les expositions interrogeant la notion « d’habitat » se multiplier. Les artistes sont nombreux à en explorer les interstices à travers leurs pratiques. Au fondement même de mes démarches artistique et commissariale, cette idée m’est apparue incontournable dans le contexte de cette exposition. J’ai donc cherché à l’aborder ici avec la perspective la plus ouverte et polysémique possible.
Ici, où nous vivons réunit une trentaine d’artistes qui s’expriment au moyen de multiples médiums et dont j’admire particulièrement le travail et l’humanité. Que ce soit par la représentation des corps, du banal de la vie quotidienne ou du sublime de la nature, leurs œuvres invitent à regarder les micro et macrocosmes où l’on séjourne et les relations que l’on entretient avec ceux-ci.
De notre enveloppe charnelle aux territoires sauvages, des environnements domestiques à l’univers mystérieux des rêves, en effleurant au passage l’immatérialité de la lumière, la mémoire et l’indicible mouvement des vies minuscules, l’exposition sonde certes ce qui façonne les milieux où l’on vit, mais aussi la manière dont on s’y blottit. Elle montre des sanctuaires réels ou imaginaires où le corps et l’esprit des vivants — humains et non-humains — voyagent, trouvent refuge, s’unissent les uns aux autres.
L’ensemble offre une traversée propice à l’attention, au soin, à ce qui paraît essentiel à notre survie : nourrir nos cosmogonies, nos espérances, notre félicité. Ici, où nous vivons est un reflet du monde dans lequel je nous souhaite de vivre collectivement.
Ariane Plante, commissaire
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